Confronté à une sécheresse sans précédent depuis cinq ans, le Maroc déploie une stratégie offensive pour sécuriser ses ressources en eau. "Notre objectif est d'atteindre une production de 1,7 milliard de mètres cubes d'eau dessalée par an d'ici 2030", affirme Nizar Baraka, ministre de l'Équipement et de l'Eau, annonçant la construction de neuf nouvelles usines de dessalement.
Cette initiative s'ajoute aux 17 projets existants, dont 13 sont déjà opérationnels. "L'eau dessalée permettra d'approvisionner environ 75% des habitants des villes côtières en eau potable", précise le ministère. La répartition prévoit qu'à l'horizon 2030, plus de la moitié de cette production sera destinée à la consommation domestique, un quart à l'irrigation, et le reste au secteur industriel.
L'investissement marocain de 2,3 milliards de dollars dépasse largement les efforts de ses voisins, l'Algérie et la Tunisie, qui investissent respectivement 210 et 950 millions de dollars. Le projet phare de ce programme est la construction à Casablanca de la plus grande usine de dessalement d'Afrique. "Cette installation, d'une capacité de 300 millions de mètres cubes par an, permettra notamment d'irriguer 5 000 hectares de terres agricoles", explique un rapport officiel. Le chantier, estimé à 10 milliards de dirhams, débutera en juin 2026.
Pour optimiser la distribution de cette ressource, le Maroc étend également son infrastructure de transport d'eau. Le réseau existant reliant le nord-ouest à Rabat et Casablanca sera prolongé vers les régions arides de Doukkala et Tadla. Une ligne électrique de 1 400 kilomètres alimentera les usines en énergie renouvelable, démontrant l'engagement du pays dans la transition écologique.
Cette transformation de la gestion hydrique exclut délibérément l'irrigation des cultures de blé, trop consommatrices en eau. Les ressources conventionnelles seront réorientées vers l'agriculture intérieure, tandis que l'eau dessalée servira principalement aux zones côtières. Cette approche globale positionne le Maroc comme un pionnier régional dans l'adaptation aux défis du changement climatique.